L’histoire de Veyrier à travers ses emblèmes, blasons et autres drapeaux (suite):
« Une souveraineté souvent indécise » CHAPITRE 2 (1804-1816)
1804 à 1813
Sous l’égide de Napoléon et du 1er Empire
Le 18 mai 1804, Napoléon Bonaparte est sacré Empereur des Français sous le nom de Napoléon 1er.
Par ses victoires et alliances militaires, il parvient à faire de l’Empire la puissance dominante de presque la totalité de l’Europe continentale, brisant successivement les différentes coalitions que les souverains de l’Europe, soutenus militairement ou financièrement par l’Angleterre, lui opposent.
A Veyrier, le plus grand changement intervient le 1er juin 1813 lorsque le préfet du département décide de faire fusionner les communes de Veyrier et d’Etrembières. Le Comte de Veyrier – de retour de son exil – devient alors le Maire d’une nouvelle commune dont l’étendue ressemble fort à son ancien comté !
1813 à 1814
Les autrichiens à Sierne
Après la défaite de Napoléon à Leipzig (16-19 octobre 1813), les troupes autrichiennes arrivent à Genève qui proclame son indépendance le 30 décembre de la même année. Autrichiens et Français s’affrontent cependant encore au-delà de Genève et se succèdent même sur le territoire de Veyrier.
Pierre Chappaz, granger d’un propriétaire de Sierne, rapporte d’ailleurs à ce sujet, dans un inventaire précis, le matériel qu’il a livré aux Français et aux Autrichiens ayant occupé Sierne et nous apprend qu’il a livré«50 gerbes de paille pour les bivouacs et pour coucher les Français, dont 10 gerbes de pailles aux Autrichiens pour se coucher et brûler le pont».
Les Autrichiens font en effet sauter les ponts de Sierne et d’Etrembières en février 1814, pour isoler les Français sur la rive gauche de l’Arve. En avril 1814, Napoléon 1er abdique et les autrichiens évacuent la place.
1814 à 1815
La restauration monarchique sous Louis XVIII
Après l’abdication de l’Empereur Napoléon 1er, le Sénat proclame Louis XVIII roi de France. Le Traité de Paris du 30 mai 1814 ramène les frontières du pays à celles d’avant janvier 1792.
Par ailleurs, conformément à ce Traité, un Congrès doit se réunir à Vienne pour régler le sort des territoires repris à Napoléon, Congrès qui est convoqué en septembre avant de débuter officiellement (ouverture solennelle) le 1er novembre 1814.
De fait, depuis l’abdication de Napoléon 1er en avril 1814, Veyrier est néanmoins restée possession française et donc placée sous l’autorité de la Monarchie restaurée de Louis XVIII. Certes, durant ces quelques mois, la souveraineté des Bourbons sur les terres de Veyrier ne sera que très relative et n’aura guère d’incidence sur la vie quotidienne des habitants.
En décembre 1814, le Royaume de Sardaigne reprend officiellement possession de Veyrier, mais ce n’est que pour une courte durée car Napoléon fait un retour fracassant durant les fameux « Cent jours ».
Si Napoléon débarque bien le 1er mars 1815 au Golfe-Juan, ce n’est toutefois que le 18 juin que Veyrier prête à nouveau allégence à l’Empereur. Or, ce jour-là, Napoléon est battu à Waterloo !
Comme les nouvelles ne vont pas aussi vite qu’aujourd’hui, ce n’est qu’une dizaine de jours plus tard, le 26 juin, que Veyrier change encore une fois de tutelle et se retrouve à nouveau sous la souveraineté du Royaume de Sardaigne.
1815 à 1816
Le Traité de Turin : les adieux au Royaume de Sardaigne
Le 16 mars 1816, le nouveau Traité de Turin scelle définitivement le sort de Veyrier, tout comme un certain nombre d’autres communes sardes qui doivent rejoindre la République et Canton de Genève et, par la même occasion, la Confédération Helvétique. La prise de possession ne se fait cependant pas avant le 24 octobre 1816, ce qui permet donc à Veyrier de rester durant quelques mois encore sous administration sarde. On note à cet effet qu’à partir du mois de juin la commune arbore un tout nouveau drapeau du Royaume, toujours sur fond azur, mais avec une croix de Savoie dite annulée et doublée.
Pour Veyrier, le rattachement ne se fera pas sans quelques désagréments. La commune perd plus de 200 hectares et une partie de ses habitats. Elle n’a plus accès aux pentes du Salève et se retrouve prise dans le corset de la route qui va d’Etrembières à Bossey, deux communes qui restent dans le Royaume de Sardaigne. Par ailleurs, les négociateurs ne feront pas dans la dentelle pour tracer la frontière entre le village et l’Arve. Une belle ligne droite suffira depuis la route jusqu’au point ou la rivière amorce la boucle de Sierne.
On sent derrière ces tracés la nécessité de maintenir une route de contournement pour la Savoie, reliant Thonon à Saint-Julien, sans être obligé de passer par Genève.
Les armoiries de Veyrier, de Genève, et de la Suisse
Les armoiries de Veyrier
De sinople à deux bandes d’or, au chef chargé d’une aiglette de sable.
Les armoiries furent adoptées par le Conseil municipal le 4 novembre 1924 et approuvées par le Conseil d’Etat le 21 novembre de la même année. Ce sont les armes de la famille éteinte de Veyrier, qui avait revêtu dès le XIVe siècle la bourgeoisie de Genève.
Dès le XVe siècle on trouve des de Veyrier lieutenants du Vidomne, membres du Conseil, puis syndics de la communauté de Genève. Une branche posséda même, à la fin du XVème siècle, la maison forte de Bardonnex.
Galiffe leur donne comme armoiries un « écu coupé aux émaux inconnus portant une aigle au premier et des bandes au deuxième ».
La commune de Veyrier les a adoptées en plaçant cependant l’aigle au chef.Les couleurs choisies – sinople et or – symbolisent les prés et les bois alternant avec les champs de blé mûr.
Il est intéressant de noter que la figure héraldique de l’aigle (aigle éployée) qui rappelle sans doute l’ancienne appartenance des terres au Saint-Empire romain germanique, est également porté (sous forme d’aiglettes*) par une autre grande famille de seigneurs établis autrefois à Veyrier : les de la Fléchère.
* Le terme héraldique d’aiglette s’applique normalement lorsque cette figure se trouve en nombre (au moins trois) et sous une forme réduite sur un écu (c’est le cas sur les armoiries des de la Fléchère). Sur le blason de Veyrier, il devrait donc s’appeler Aigle éployée et non Aiglette.
Les armoiries de Genève
Parti d’or, à la demi-aigle éployée de sable, mouvant du trait de la partition, couronnée, becquée, membrée et armée de gueules, et de gueules à la clé d’or contournée
Les armoiries de Genève apparaissent dès le XVe siècle, mais leur représentation actuelle n’a cependant été fixée par le Conseil d’Etat qu’en 1918. Elles représentent la réunion des symboles du Saint Empire Romain Germanique (l’aigle à tête couronnée), auquel Genève a été rattachée au XIe siècle, et de l’évêque (la clef d’or) dont les citoyens tiennent leurs libertés et franchises depuis 1387.
Le cimier est un soleil apparaissant à demi sur le bord supérieur et portant le trigramme IHS en lettres grecques, reproduction du nom de Jésus sous une forme contractée (IHESUS).
Les anciennes couleurs de Genève étaient le gris et le noir. Au XVIIe siècle, le noir et le violet. Le jaune et le rouge prévalurent au XVIIIe siècle, et le noir fut ajouté durant la période révolutionnaire.
La devise de Genève, «Post tenebras lux» (Après les ténèbres la lumière), date du milieu du XVIe siècle. Elle fait référence à la Réforme.
Les armoiries de la Suisse
De gueules, à la croix alésée d’argent
Les armoiries de la Suisse arborent une croix blanche sur fond rouge, dite croix fédérale ou croix suisse.
Trois versions se disputent l’origine de la présence de ce symbole chrétien. Selon la première, la croix fédérale remonte à la Légion thébaine, dont le culte était largement répandu dans le royaume de Bourgogne. Selon la deuxième, elle est issue de la bannière impériale (drapeau de guerre du Saint Empire) dont l’existence est attestée dès le XIIe s. et selon la troisième des arma Christi, instruments de la Passion, particulièrement vénérés en Suisse centrale et que les cantons primitifs purent mettre sur leurs bannières rouges (dites « bannières de sang ») à partir de 1289.
La croix blanche pleine, sous la forme de deux bandes cousues perpendiculairement, apparut pour la première fois comme signe de ralliement sur les vêtements des Bernois à la bataille de Laupen (1339). Elle orna les étendards bernois dès le XIVe s. et le fanion fédéral au XVe s., tandis que les grands drapeaux continuèrent de porter les armoiries des cantons sur lesquelles la croix blanche figurait parfois.
A dater du milieu du XVIe s., la croix blanche fut considérée comme emblème confédéral, mais il fallut attendre 1815 pour que la Diète adopte le motif du sceau fédéral (apposé pour la première fois sur le Pacte fédéral): croix blanche verticale alésée, à branches égales sur fond rouge, entourée par les armoiries cantonales.
Sous l’impulsion de Guillaume-Henri Dufour, un drapeau militaire commun pour toute la Suisse fut créé en 1840 (croix blanche alésée sur fond rouge). Enfin, en 1889, le Conseil fédéral adopta définitivement les armoiries actuelles de la Confédération en précisant que les quatre branches de la croix, égales entre elles, sont d’un sixième plus longues que larges. La proportion entre la croix et l’écusson ou le drapeau ne fut en revanche pas fixée.
© Jean Plançon – La Mémoire de Veyrier, octobre 2016.