Il y a juste deux cents ans on brûlait le pont de Sierne !
Le premier pont – 1782
Le premier projet de pont à Sierne remonte à la fin du XVIIe siècle. Envisagé par la Savoie, alors souveraine dans la région de Veyrier, il suscite la colère de la seigneurie de Genève qui y voit une menace et une violation du Traité de Saint-Julien de 1603. Ce traité garantit aux Genevois, entre autre, la liberté du commerce, la restitution des terres occupées, l’interdiction de bâtir des forteresses à moins de 4 lieues de Genève, le droit de travailler des deux côtés de la frontière et la liberté de circulation dans tous les états de Savoie tant pour les personnes que les marchandises.
A l’initiative de Pierre-Claude de la Fléchère, Comte de Veyrier, engagé dans un programme de modernisation des voies de communication entre le comté, le territoire de Carouge et Genève, un pont simple en bois voit le jour.
Son existence va considérablement augmenter le passage dans la région car on peut désormais aller de Carouge à Chêne-Bourg sans passer par Genève et éviter ainsi de payer les droits de transit sur les marchandises. Cette route très fréquentée devient un « chemin royal », équivalent savoyard de nos routes nationales.
Les crues puissantes de l’Arve et son trafic vont affaiblir l’ouvrage. En 1789 le pont doit déjà être consolidé.
En 1798, Genève est réunie à la France. Le pont est à nouveau fragilisé par l’intense passage des troupes et devient même dangereux : il faut le traverser à pied. A la fin de 1813 et début 1814 les Autrichiens et les Français se succèdent sur le territoire de notre commune.
1814 – Les autrichiens font sauter le pont !
En février 1814 les Autrichiens font sauter les ponts de Sierne et d’Etrembières pour isoler les Français sur la rive gauche de l’Arve. Pierre Chappaz, granger d’un propriétaire de Sierne, fait un inventaire précis du matériel livré aux Français et aux Autrichiens ayant occupé Sierne et nous apprend qu’il a livré « 50 gerbes de paille pour les bivouacs et pour coucher les Français, dont 10 gerbes de pailles aux Autrichiens pour se coucher et brûler le pont ».
Un bac est installé en 1816. Le courant, les crues et les rochers du lit de la rivière en font une traversée dangereuse. En 1823 un homme est emporté par le courant de l’Arve suite à la rupture du câble du bac. Le batelier a aussi eu le malheur de faire une chute dont il restera estropié toute sa vie.
Le pont sur l’Arve entre Sierne et Villette – 1824
Dès 1823 plusieurs projets de reconstruction du pont sont présentés à la chambre des travaux publics. Guillaume-Henri Dufour propose et construit un pont en bois, achevé en avril 1824, facilement démontable sans être obligé de le brûler. Officiellement le pont sera nommé « pont sur l’Arve entre Sierne et Villette »
En 1843, une violente crue de l’Arve emporte une partie de son tablier et « le pont de Sierne s’est écroulé à 8 heures du soir ».
En 1844, le futur général Dufour fait un nouveau projet ambitieux de pont suspendu. Il ne sera pas réalisé et un pont classique avec pilier de pierre verra le jour en 1845.
Le pont sera renforcé pour le passage des premiers trams à vapeurs à la fin du siècle, bétonné en 1945, élargi en 1970 et finalement entièrement reconstruit entre 1978 et 1981.
Sources :
« Histoire d’un hameau genevois » de Corinne Walker
« Veyrier », ouvrage historique de la commune.
« Les Chemins de Veyrier » édité par la Mémoire de Veyrier