Voici deux documents d’archives de l’année 1821, retranscrits intégralement et fidèlement du texte original, concernant deux époux qui à l’évidence ne s’entendaient plus. Il appartenait à l’époque à l’autorité écclésiastique de dénouer ces conflits de famille.

Année 1821

1° Lettre du curé de Compesières

A Monsieur le Curé de Veyrier

Monsieur,
La Jeanne Machard, femme de François Magnin m’est venue prier de vous transmettre un certificat sur sa conduite.
Je vous déclare que quand à ses mœurs, je n’ai rien ouï dire de défavorable.
Je crois qu’il serait à souhaiter qu’on prononça canoniquement une séparation quoad thorum, jamais on ne viendra à bout de réunir ces deux personnes.
Le fameux Magnin commença deja lors de son mariage à montrer son génie, en me parlant assez insolemment, et en finissant par me refuser mes droits qu’il me doit encore.
J’ai l’honneur d’être avec respect,
Monsieur,

Votre très humble et obéissant serviteur,
Périllat, curé

Compesières le 21 février 1821

Pierre-Tobie Yenni

2° Décision de l’évêque

Pierre-Tobie Yenni

Pierre-Tobie Yenni,
Par la grace de Dieu, & du St Siège Apost., Evêque & Comte de Lausanne, Prince du S.E.R & c. & c.

Sur la demande reciproque de François Magnin de Veyrier, Canton de Genève, & de Jeannette née Machard, sa femme, de vivre séparés, après avoir entendu les parties à l’époque de notre visite pastorale, le 18 Août 1820 & avoir, d’autre part, recueilli les renseignements les plus positifs sur les causes de la division de ces deux époux – ,
Considérant
Entr’autres, 1.- leur longue antipathie mutuelle & leur incompatibilité d’humeur, 2.- l’inutilité des tentatives faites pour les réunir, 3.- leur demande réciproque de vivre séparés, nous avons prononcé, comme nous prononçons par les présentes, que les susdits époux sont autorisés à vivre séparés pour un temps illimité.
Nous les exhortons toutefois sérieusement de se rappeler fréquemment les obligations indispensables qu’ils se sont imposées au pied de l’autel, leurs torts l’un envers l’autre, & leur devoir de part et d’autre, de travailler à écarter les obstacles à leur future réunion.

Donné à Fribourg, en notre résidence, le 2me May, 1821.
Signé + Pierre-Tobie, Evêque de Laus. & Genève

Je soussigne & certifie la copie ci-dessus conforme à l’original.

Veyrier le 24e Mai 1821 – Cormimb., C. de V.