Le Salève et ses Trésors cachés!

Le Salève, nous le savons, est une magnifique montagne qui recèle bien des trésors…au sens large du terme. Mais lorsqu’il s’agit de véritables trésors en pièces sonnantes et trébuchantes…c’est une autre histoire.

Voici deux épisodes marquants de notre histoire au sujet de ces fameux trésors cachés du Salève:

La Grotte des Faux-Monnayeurs

Au-dessus du sentier du Pas-de-l’Echelle, un peu avant l’escalier qui conduit au vallon de Monnetier, en dessous des voûtes des Chèvres, se trouve une caverne où l’on produisait autrefois de la fausse monnaie.

La grotte des faux-monnayeurs. Le Salève – Photo: elsaziza.canalblog.com

C’est en effet le 5 avril 1801 que des habitants de Veyrier entendent un bruit suspect dans la montagne. Intrigués, ils décident d’y monter en compagnie de M. Joseph Portier, Maire de la commune et de plusieurs hommes de la Garde Nationale. Arrivés près d’une grotte, ils perçoivent alors le bruit de coups sourds qui sont frappés à intervalles réguliers. Se précipitant à l’intérieur, ils découvrent un homme en train de battre monnaie !

Il s’agit de « Batz » de Berne portant sur une face l’écusson à l’ours et la légende « Moneta Reipub. Bernensis CR 4 », tandis que, sur l’autre, apparait une croix entourée de la devise « Dominus Providebit » ainsi que l’année 1793.

Batz de Berne

Au total, les soldats découvrent 792 fausses pièces de monnaie déjà terminées. L’individu, un nommé Jean-Luc Poulain, un pâtissier établi à Genève, mais originaire d’Yvorne, est immédiatement arrêté. Jugé dans la cité de Calvin, alors préfecture du département du Léman, il est condamné à quinze ans de fers.

Les fausses pièces de monnaie découvertes étaient en cuivre, alors que le Batz de Berne doit normalement contenir 229 millièmes d’argent. C’est une monnaie qui correspondait à peu près à la pièce genevoise de 6 sols.

Ce texte est tiré des récits de Walter Zurbuchen (Tribune de Genève, édition du 5 octobre 1968), et de Dominique Ernst (Le Messager, édition du 10 juillet 2008).

Les Deniers de l’Evêque

En août 1892, au moment de la construction de la deuxième ligne de chemin de fer à crémaillère du Salève, reliant Veyrier à la gare de Monnetier-Mairie, une forge est installée dans la Grotte des faux-monnayeurs, qui se trouve à proximité du lieu de percement du tunnel de la voie ferrée.

Durant les travaux, deux forgerons découvrent une caissette contenant plus d’un millier de pièces de monnaie en parfait état. Des « deniers des Evêques de Genève » datant du XIe ou XIIe siècle ! (A noter cependant que le journal l’Impartial, dans son édition du 24 août 1892, parle de deniers datant du XIVe ou XVe siècle).

Comme l’histoire du faux-monnayeur Poulain est encore bien présente dans les esprits, les deux forgerons pensent avoir à faire à un stock de pièces non découvert à l’époque de l’affaire. Ils décident donc de les distribuer aux enfants de Monnetier et de Veyrier, ou de s’en servir, par poignées, en échange d’un verre d’absinthe !

Mais le bruit de cette découverte se répand très vite et certaines pièces sont alors montrées à un collectionneur, qui authentifie immédiatement des deniers des Evêques de Genève du XIe siècle. Dès ce moment, l’éveil est donné et plusieurs personnes se lancent dans une frénétique chasse au trésor. De ce que l’on sait, quelques connaisseurs ont pu acquérir, à des prix variant de 29centimes à 20 francs (les cours ont très vite monté!) des exemplaires de ces monnaies, dont malheureusement beaucoup ont dû se perdre.

A noter que des petits malins, profitant de toute cette effervescence, se sont mis à produire des faux deniers, qu’ils ont ensuite revendus à des amateurs peu avertis.

Ce texte est tiré des récits de Dominique Ernst (Le Messager, édition du 10 juillet 2008), et d’un article du journal l’Impartial (édition du 24 août 1892).

A droite, Deniers des évêques de Genève du XIVe siècle. Dimension: 16 à 18mm


A gauche, Deniers du Genevois à croix quadrilobe, XIVe siècle.
Dimension: 16 à 1