L’église catholique Saint-Maurice de Veyrier

Eglise Saint-Maurice, Veyrier. Photo Wikipedia

1201-1412 – Les origines

Les origines chrétiennes de Veyrier sont très anciennes. Le culte de Saint-Maurice (note 1), saint patron de l’église, s’établit dans la région aux environs du septième siècle. Le plus ancien document citant Veyrier est le « Regeste genevois » du 14 mars 1201 parlant d’un arbitrage entre Girard de Ternier et Bernard, prieur de Saint-Victor avec comme témoin Pierre, curé de Veyrier. John B. Galiffe nous apprend, en 1872, dans son ouvrage « Genève historique et archéologique », qu’à la fin du XIIe siècle, Veyrier fut érigé en comté. Au XIIIe siècle, Veyrier donna son nom à une famille noble qui jouissait de la citoyenneté genevoise et fournit même à Genève un certain nombre de syndics, de conseillers et de jurisconsultes jusqu’au commencement du XVIème siècle où le nom disparaît. Le Pouillé (registre des paroisses que visite l’évêque), rédigé au début du XIVème siècle, précise que Veyrier fait partie du décanat de Vuillonnex.

Armoiries épiscopales de François de Savoie

1412-1518 – Le 27 février 1412, l’évêque Jean de Bertrandis visite l’église de Veyrier et y trouve de bons paroissiens « sunt ibi boni parochiani ». Le curé, Guillaume Belliani, veillait sur une paroisse de 30 feux (note 2). Le rapport de visite signale l’absence d’une image du Christ et du saint patron et propose d’acquérir un drapeau de procession (un gonfalon) et de renouveler la pierre des fonds baptismaux.
Le 10 octobre 1481, l’évêque Claude visite Veyrier. Le curé Pierre Mojenier absent lors de la visite, était remplacé par un prêtre « reconnu comme capable ! » Le rapport de visite précise que la sacristie est dans un état de dénuement presque complet : il est ordonné aux paroissiens d’acquérir une chasuble, une étole et un manipule. Sierne apparaît dans les textes comme une localité indépendante, siège d’une paroisse dédiée à Saint-Pierre.
Le 15 juillet 1518 eut lieu la dernière visite épiscopale avant la Réforme. Le curé Hugues Falliodi reçut l’évêque Pierre Farsin représentant François de Savoie (note 3). Dans l’église se trouvaient deux chapelles, l’une dédiée à Saint-Antoine et l’autre au Saint-Esprit. Il fut ordonné de mieux les meubler.

Charles-Emmanuel 1er de Savoie, photo: Wikipedia

1536-1600 – Le vent de la Réforme.

En 1536, les Bernois envahissent la région, abolissent le culte catholique et imposent le culte réformé. Dès 1536, Veyrier, comme le reste du baillage de Ternier, dut certainement adhérer à la Réforme. En 1569, les Bernois, afin de mieux asseoir leur souveraineté sur le Pays de Vaud, rendirent à la Savoie plusieurs baillages dont celui de Veyrier. Il semble qu’avec l’avènement du duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er (1562- 1630), la messe fut rétablie à Veyrier.

La confirmation du rétablissement à Veyrier de « l’idolâtrie de la messe » se trouve dans une condamnation de Jacques Favre le 21 janvier 1600 : « Paula Dunand, arrestée pour avoir esté à la messe à Véry, combien qu’elle soyt citoyenne à la ville, baptisée et espousée avec Jacques Favre. Luy a esté enjoint de paraître et ne revenir plus à la ville à peine du fouet. »

Saint-François de Sales, Institut Florimont

1601-1752 – Le retour au catholicisme

Le retour de Veyrier au catholicisme eut lieu avant la conversion du baillage entier en 1601. François de Sales visita « Véry » en sa qualité d’évêque en 1607 et donna des ordres pour qu’une cloche soit installée à l’église. Son frère Jean-François de Sales visita aussi la paroisse en 1633. Cette visite se fit en présence de Gabriel d’Humilly, seigneur de Chevilly, de Pierre Dumidouz, seigneur de Simond et de plusieurs habitants honorables de Veyrier (André Magnin dit Portier, Claude Charvaunoz, syndic, Gabriel de la Chapelle, Benoit Bibet, Pierre Magnin, Jean Bretton, Claude Dunant, Martin Magnin, Pierre-François Magnin et François Macoset). Au curé François Neyrod fut ordonné d’acquérir une pixide d’argent (récipient) pour porter le Saint-Sacrement aux malades, deux nappes pour l’autel et un gonfalon ainsi que de garnir la toiture de pointes de fer et de faire une serrure aux fonds baptismaux.
Le 9 octobre 1708, le curé Claude-César Gruffaz est nommé à la tête de la paroisse. A son arrivée il trouve le presbytère et l’église en si mauvais état qu’il doit y faire d’importantes réparations.
De 1735 à 1745 la paroisse de Veyrier fut confiée au curé Pinguin. Ce dernier précisera au nouveau comte de Veyrier, lors de son installation, qu’il lui est interdit de placer le cordon seigneurial autour de l’église (un cordon peint sur les murs autour de l’église était un droit seigneurial) ni d’apposer les scellés à la mort du curé sur les documents du presbytère car depuis les temps les plus anciens, la nomination du curé de Veyrier appartenait au couvent de Saint-Victor et non au comte !
Son successeur, le curé Buttet, trouve l’église dans un très mauvais état et doit effectuer de coûteux travaux de réfection en 1752.

Drapeau du Royaume de Sardaigne

1754-1770 – Après le Traité de Turin

Une année après le traité de Turin de 1754, confirmant le retour de Veyrier en terre de Savoie, les paroissiens et le curé Buttet adressent en vain une lettre à sa majesté Victor Emmanuel III (1701-1773) lui demandant une aide financière pour les travaux de réfection de l’église. En 1768, la visite de Monseigneur Jean-Pierre Biord (note 4), évêque d’Annecy, va accélérer les événements. Dans son rapport de visite, ce dernier dit, en parlant de l’église, qu’elle est « aussi petite et délabrée que la plupart des maisons des paysans » et exhorte les paroissiens à la réparer, l’agrandir et la surélever. En 1770 il faut à nouveau refaire des travaux de grande envergure. A cette occasion la fusion des paroisses de Bossey et de Veyrier fut même évoquée, puis abandonnée. Finalement le roi demande la réalisation d’un plan pour une nouvelle église :

« Monsieur le Roy, ayant daigné accorder à la paroisse de Vairier-sous-Salève, la somme de livres 4’000 pour l’aider à la construction d’une nouvelle église, suivant les cy joints plans devis, vous prendrés la peine, Monsieur, d’en faire incessamment publier les affiches, et en donner le prix fait au meilleur offrant. »

L’architecte turinois Francesco Garella (à qui l’on doit le premier plan directeur de Carouge en 1772) va établir les plans de l’église de Veyrier en 1773 et les travaux, réalisés par Nicolas Renaud, s’achèveront en 1774. L’église est en maçonnerie et repose sur de la roche. Les angles et encadrements de fenêtres sont en pierre de taille. Le toit est en tuile, celui du clocher en ardoise. Le bâtiment compte neuf fenêtres, dont une ovale. Un escalier de pierre intérieur dessert la tribune. La consécration de ce nouvel édifice ne se fera que le 27 septembre 1789 par l’évêque Paget en présence du curé Frelet nommé en 1783. La dépense finale a été de 8’000 livres et les pauvres paroissiens ont eu bien du mal à réunir les 4’000 livres à leur charge (le roi a fait un don de 4’000 livres).

1792-1801 – Sous la Révolution française

Trois ans plus tard, en 1792, la fureur révolutionnaire atteignait Veyrier et le 22 avril 1793 s’établit une municipalité calquée sur le modèle français avec constitution civile du clergé et le curé n’eut d’autre choix que de s’y soumettre ou de s’exiler. Il s’exilera. Le curé n’étant plus là les enfants du village ne recevaient plus aucun enseignement ; dès lors il y eut à Veyrier beaucoup « d’illitérés ». Les biens de l’église seront saisis le vingt-six pluviose an IV (15 février 1796), selon l’édit du commissaire Albite et le bâtiment déclaré bien national. Le clocher sera démoli et les cloches fondues.

1801-1822 – Une période politique mouvementée

En 1801, après le Concordat instaurant la tolérance religieuse signé entre Napoléon et Pie VII, le culte fut peu à peu rétabli à Veyrier et un nouveau clocher savoyard érigé en 1807. En 1816, Veyrier devient suisse mais la paroisse resta encore, jusqu’en 1819, dépendante du diocèse de Chambéry. Le Bref Inter Multiplices d’incorporation des paroisses des Communes réunies au diocèse de Fribourg sera signé en 1819. A cette occasion plusieurs prêtres se retirèrent dans leur ancien diocèse de Chambéry y compris le curé de Veyrier. Le nouveau curé Corminboeuf, originaire de Fribourg, fut nommé à Veyrier et se fit rapidement apprécié par ses paroissiens. Il reçut la bourgeoisie de la commune en signe de reconnaissance.

Monseigneur Mermillod, photo: Credidimus-caritati

1822-1894 – A l’ère des visites épiscopales

En 1822, on construisit dans le clocher une loge pour les cloches : la petite cloche que l’on sonnait durant l’orage et la grosse cloche pour les fêtes. Cette dernière cassée en 1845 dut être remplacée par deux cloches fondues par Samuel Treboux à Corsier-sur-Vevey.

En 1846, Monseigneur Marilley (note 5), évêque de Fribourg, visita Veyrier et y administra la première confirmation dans le canton de Genève. Il revint en visite le 22 septembre 1858, jour de la Saint-Maurice. Le 9 octobre 1865, c’est au tour de Monseigneur Mermillod (note 6) de venir à Veyrier pour la confirmation. Ces visites épiscopales étaient exceptionnelles pour les paroissiens de Veyrier : un arc de triomphe était dressé à l’entrée du village, sur la route de Carouge. Toute la population, maire et Conseil municipal en tête recevaient le chef du diocèse et l’escortaient pour une longue procession à travers le village.

L’horloge du clocher fut installée en 1854. Elle indiquait l’heure genevoise. En 1886 il fallut adopter l’heure suisse, dite heure de Berne (il y a un décalage horaire d’environ une demi-heure entre Genève et les Grisons !). En 1894, il fallut adopter définitivement l’heure GMT de l’Europe centrale.

1870-1875 – L’épisode du Kulturkampf

Dès 1870 et pour 10 ans environ les évènements du Kulturkampf vont avoir des effets sur la vie de la paroisse de Veyrier : la menace de la saisie par le gouvernement radical genevois de l’église, des registres paroissiaux de baptême, de mariage et de décès et des biens ecclésiastiques ainsi que l’entrée en vigueur de lois cantonales interdisant les processions et le port d’habits religieux en dehors de l’église, bannissant certains ordres religieux et soumettant le clergé au Conseil d’Etat, font craindre le pire. Le 7 octobre 1875 les cloches furent préventivement retirées du clocher par les paroissiens afin de ne pas servir à un autre culte.

L’église et son clocher bernois, photo MdV

1907-2000 – Un nouveau clocher pour le XXe siècle

En 1907, le clocher bernois de l’église catholique de Veyrier, que nous lui connaissons aujourd’hui, remplaça de manière plus élégante le vieux clocher savoyard d’après les plans des architectes de Morsier et Weibel. En 1930 s’installa le curé François Poncet. Débordant d’activité il resta en charge de la paroisse pendant seize années : on lui doit la commande de la mosaïque de Saint-Maurice, réalisée par Wasem et Poncet.

En octobre 1946 le curé Marcel Bonifazi lui succède. En 1948, à l’issue d’une année de « mission » il fait bâtir la grotte Notre-Dame de Lourdes derrière l’église. En 1958, en accord avec l’autorité du diocèse, la création d’une nouvelle paroisse au Pas-de-l’Echelle est décidée. La paroisse de Veyrier offrit à la nouvelle paroisse le terrain sur lequel sera bâti, entre 1964 et 1967, la nouvelle église dédiée à Notre-Dame de la Paix. En 1963 on décida d’illuminer l’église et ses marronniers. Les dernières rénovations ont été réalisées en 2000 pour l’extérieur et en 2007 pour l’intérieur.

Le coq du clocher, restauré lors de la grande réfection de l’église en 2000, contient des documents et des objets, témoins de la vie de la paroisse en cette même année (feuillet dominical, bulletin Paroisses Vivantes, liste des responsables paroissiaux et le journal du jour).

Notes

Note 1.

L’histoire de Saint-Maurice commence vers 380 avec l’exhumation des ossements des soldats de la Légion Thébaine par Saint-Théodule et l’inhumation de ces martyrs au pied d’une falaise, au lieu-dit du Martolet à Saint-Maurice en Valais. Maurice commandait une légion venant d’Egypte, appelée à renforcer l’armée de Maximien pour une expédition en Gaule. Les soldats de cette légion étaient chrétiens coptes. Après avoir franchi les Alpes ils désobéirent à un ordre de l’empereur qu’ils jugèrent contraire à leur foi. Ils furent alors exécutés (parmi eux Maurice, Candide et Victor). Leurs sépultures deviennent un lieu de pèlerinage majeur, sur lequel veillent, sans interruption depuis 515, des moines. L’abbaye de Saint-Maurice est fondée au printemps 515 par Sigismond, le futur roi des Burgondes, qui réside alors principalement à Genève. L’établissement qu’il fait bâtir en Valais est inauguré le 22 septembre de la même année. L’église du monastère est reconstruite en 1627, à l’exception de son clocher roman. Le nouvel édifice a dû être déplacé pour le mettre à l’abri des chutes de pierres. En 480, Gondebaud (mort en 516) devient roi des Burgondes. Il associera à cette charge, dans sa « villa » de Carouge, son fils Sigismond, le fondateur de l’abbaye de Saint-Maurice (après avoir écarté et exécuté son frère Gondegisel et mené des guerres contre les Wisigoths et les Ostrogoths). A Genève, il est connu pour avoir rénové le mur antique de la ville. Une princesse de sa famille établit dans l’actuel quartier des Tranchées, le plus grand des monastères genevois, qu’elle dédie à Saint-Victor, le compagnon de Saint-Maurice.

Note 2. Le terme feu (du latin focus, le foyer) désigne au Moyen Âge le foyer au sens strict (endroit où brûle le feu) puis plus tard, au sens figuré, le logement familial et finalement la famille elle-même. Très rapidement, il est utilisé comme unité de base pour l’assiette, le calcul et la perception de l’impôt ; on parle alors de feu fiscal. Pour estimer le nombre d’habitants d’après celui donné en feux, certains appliquent le coefficient multiplicateur cinq.

Note 3. Jean-François de Savoie, ou Jean de Savoie, est un ecclésiastique et un prélat savoyard, qui est évêque de Genève du 17 août 1513 jusqu’à son décès le 7 février 1522. Après la mort de l’évêque Charles de Seyssel, le 13 avril 1513, le chapitre de la Cathédrale Saint-Pierre de Genève élit Amédée de Gingins pour lui succéder. Le duc Charles III de Savoie ne l’entend pas de cette oreille et intervient auprès du Pape Léon X pour imposer à ce siège épiscopal un des siens, Jean de Savoie. Cette mainmise de la maison de Savoie et les ambitions de Charles III de faire de Genève sa capitale provoque une forte réaction des Genevois qui s’allient par un traité de combourgeoisie avec le canton de Fribourg et le canton de Berne. Le duc de Savoie assiège en vain la ville en 1519 mais doit finalement se retirer.

Note 4. Jean-Pierre Biord (1719-1785), originaire de Samoëns, est nommé prêtre en 1743. Il est sacré évêque de Genève le 9 juillet 1764 mais réside à Annecy comme tous les évêques depuis la Réforme. Son évêché est partagé entre le royaume de France pour le Pays de Gex et le royaume de Sardaigne pour la partie savoyarde. Le traité de Turin de 1754 stipule que dans les terres de retour dans le giron savoyard (Carouge et Veyrier entre autres), la pratique de la religion réformée est encore admise pendant vingt-cinq ans et qu’au bout de ce laps de temps, soir en 1779, la religion catholique sera la seule admise ; Mgr Biord prenant cet article à la lettre va imposer son autorité en visitant les quelques 410 paroisses de son diocèse et en projetant d’y construire des églises, manifestation de la présence nouvelle du catholicisme (celle de Veyrier sera bâtie en 1774). Un de ses paroissiens, Voltaire, lui créera quelques soucis. Voltaire estime en effet devoir faire preuve auprès de la population locale de son engagement religieux, en simulant un acte de piété catholique dans l’église de Ferney. En 1768, puis en 1769, il célèbre un simulacre de cérémonie de Pâques en l’église paroissiale de Ferney, au grand scandale des paroissiens ! Voltaire, qui signait certains de ses ouvrages de l’expression « Écrasons l’Infâme », était coutumier de propos injurieux à l’égard de la hiérarchie de l’Église. De Monseigneur Biord qui lui reprochait le simulacre de Ferney, il écrit à Madame Denis : « Il faut que le savoyard ne soit fait que pour ramoner les cheminées puisqu’il a eu la bêtise d’écrire ».

Note 5. Etienne Marillet (1804-1889) suit les cours du Collège Saint-Michel à Fribourg, fait ses études de théologie dans la même ville entre 1826 et 1830. Prêtre en 1831, il est nommé évêque de Lausanne et Genève en 1846 bien que récusé par le gouvernement cantonal genevois. Il mobilisa le clergé et les fidèles en faveur des catholiques du Sonderbund et se fit le défenseur des prérogatives de l’Eglise (notamment dans l’instruction publique) contre le gouvernement radical de Fribourg. Il fut arrêté et incarcéré au château de Chillon puis banni en France.

Note 6. Gaspard Mermillod (1824-1892) Issu d’une famille carougeoise, il fut ordonné prêtre en 1847. Après avoir été nommé, en pleine guerre du Sonderbund, curé de la seule paroisse catholique de Genève (église Saint-Germain), il est au centre d’une polémique entre le Saint-Siège et les autorités fédérales suisses concernant la restauration d’un évêché catholique dans la cité de Calvin. Quand le Grand Conseil genevois autorise la construction d’une église à Cornavin (la première église catholique construite au sein des murs de l’ancienne cité), il parcourt l’Europe entière en quête de fonds destiné à financer le nouvel édifice. En 1873, pendant le Kulturkampf, il sera expulsé de Suisse et s’installera en France voisine. Mgr Mermillod est nommé cardinal par Léon XIII en 1890, devenant ainsi le second cardinal suisse, trois siècles après Matthieu Schiner. À cette occasion, une brasserie de Fribourg donne à ses bières le nom de « Cardinal ».

© Jean-Denys Duriaux – La Mémoire de Veyrier, décembre 2020.