Mais que s’est-il donc passé de si extraordinaire en 1861?

Et bien en ce début de printemps de l’année 1861, le 12 avril plus exactement, l’histoire de l’Amérique est marquée par l’amorce de la Guerre de Sécession qui oppose les Etats formant l’Union aux Etats dits Confédérés: une guerre fratricide qui fera au total 620’000 victimes au cours des quatre années que durera ce conflit.

En Europe, c’est en France qu’un autre événement va marquer l’histoire. Un serrurier, du nom de Pierre Michaux, crée une machine qui va bientôt bouleverser toute notre société : le Vélocipède, un engin à deux roues dérivé de la draisienne allemande, mais qui est équipé d’un pédalier sur l’axe de la roue avant, d’une selle suspendue et de freins à patins : une véritable révolution !

Mais du côté de Veyrier, de Pinchat ou de Carouge, nous sommes encore loin de prêter une oreille attentive aux bouleversements qui s’opèrent bien au-delà de nos frontières.

Ce sont bien d’autres considérations qui préoccupent nos concitoyens de l’époque, comme par exemple :

« L’état désastreux de nos chemins ».

Dans un article du Journal de Genève, daté du 8 mars 1861, nous pouvons justement lire à cet effet le mécontentement affiché par l’un des nombreux promeneurs qui arpentent nos chemins de campagne:

On nous écrit de Carouge :

« Voici le printemps. Avec cette saison commence l’époque des promenades. Engagez vos lecteurs à choisir pour une de leurs premières courses le chemin qui, par Pinchat, unit le haut de Carouge à la route de Veyrier. Je ne doute pas qu’en faisant cette traversée ils ne se demandent s’ils sont dans le Canton de Genève. Il n’est pas possible de rencontrer au monde un chemin (je ne parle que de la partie située sur la commune de Veyrier), plus abominablement mal entretenu. Fondrières de huit à dix pouces, ornières continues, cailloux aussi gros que des pierres à bâtir, etc. ; ils verront là pendant un quart de lieue tout ce qu’ils s’imagineraient ne devoir exister qu’en Chine ou au Monomotapa.

On dit que la commune de Veyrier est en discussion avec Carouge au sujet de ce chemin. Quelle que soit cette discussion, le public ne doit pas en être la victime, et le département des travaux ne peut permettre qu’un chemin unissant deux grand’ routes demeure, sous n’importe quel prétexte, dans un pareil état… »

Pour la petite histoire, sachez que c’est grâce au développement spectaculaire du vélocipède que les premiers Touring-Clubs prirent naissance et que c’est sous la pression que ces derniers vont exercer auprès des autorités que les routes et autres chemins furent tous modernisés et aménagés.

Promeneurs et adeptes de la Petite Reine furent donc les premiers à en bénéficier…bien avant les automobilistes !

© Jean Plançon – La Mémoire de Veyrier, novembre 2018.