Les amours cachées de Franz LISZT à Veyrier
Au bout de la promenade Saint-Antoine, l’actuelle place Franz Liszt nous rappelle que le compositeur et pianiste virtuose hongrois résida entre 1835 et 1836 dans un appartement confortable de la cité de Calvin. Il n’y vécut certes que peu de temps, mais suffisamment toutefois pour laisser une impression durable sur les citoyens genevois. Notons en effet que durant son séjour helvétique il composa Album d’un voyageur, en bonne partie inspiré de ses voyages à travers les paysages suisses.
La rencontre avec Marie d’Agoult Franz Liszt est cependant aussi connu pour ses mœurs libertines et ses nombreuses conquêtes féminines. Néanmoins, après plusieurs aventures éphémères, le compositeur rencontre en 1833, lors d’un concert donné dans un salon de la noblesse parisienne, Marie Catherine Sophie de Flavigny, dite aussi Mme la comtesse Marie d’Agoult. Malgré la différence de position sociale, mais aussi d’âge (Liszt a six ans de moins), le coup de foudre est immédiat et réciproque. La comtesse éprouve même une telle passion pour le compositeur que cela la conduira à abandonner son mari deux ans plus tard. Quittant la France, les amants arrivent à Genève le 21 août 1835 pour s’installer discrètement rue Beauregard (actuelle Place Liszt): « Personne ne savait notre nom. […] Presque partout à nous voir si semblables. […] On nous prenait pour frère et sœur ; nous en étions tout ravis. Une telle erreur ne témoignait-elle pas, mieux que tout le reste, des affinités secrètes qui nous avaient si fortement attirés l’un à l’autre ? » De cette idylle, d’abord cachée, naquit Blandine en 1835. La petite fille fut aussitôt reconnue par Liszt. Profitant alors des bons offices de James Fazy, et de quelques fausses déclarations, les deux amoureux légalisèrent donc leur état civil. Une discrète garçonnière près de Sierne Au cours de son séjour genevois, Liszt fit l’acquisition d’un pavillon isolé près du Pont de Sierne, qu’il transforma en véritable nid d’amour pour abriter – dit-on aussi – ses maîtresses …hors des griffes de Marie d’Agoult. C’est en tout cas dans cette petite maison que Liszt aimait aussi accueillir en toute discrétion ses amis les plus proches, comme l’écrivain Georges Sand, ou le major Pictet, fils de l’illustre Charles Pictet de Rochemont. Cette bâtisse, encore existante de nos jours, fut construite au cours du XIXe siècle et comportait trois étages composés chacun d’une pièce unique. La façade, qui était nue à l’origine, sera ornée plus tard de deux médaillons de plâtre, représentant Orphée à gauche, et Hercule à droite, et d’un autre sur le mur latéral représentant des angelots joufflus qui volettent. Cette étonnante décoration, plutôt insolite pour ce type de maison, aurait été récupérée, si l’on en croit certains chroniqueurs, lors de la démolition du premier théâtre de Genève en 1880. Genève, un séjour éphémère En 1836, l’arrivée à Genève d’Hermann COHEN, élève et protégé de Liszt, mais aussi jeune homme aux moeurs dissolues, entraîne de vives tensions avec Marie d’Agoult. L’atmosphère genevoise commençant à devenir finalement pesante, le couple décide d’aller rejoindre George Sand à Chamonix, avant de faire une échappée amoureuse en Italie.
Une fille ignorée de Liszt à Veyrier? Si l’on en croit un article, relatant des souvenirs d’enfance d’un dénommé F. Prokesch, article paru dans l’Almanach du Vieux Genève en 1939, Franz Liszt aurait eu une liaison cachée avec l’épouse d’Henri Jappel, tenancier du café du Pas de l’Echelle à Veyrier. De cette union illicite naquit, dit le narrateur, une fille du nom de Fanchette, qui sera plus tard bien connue des Veyrites sous le nom de Fanchette Pernoud. La ressemblance avec le compositeur était telle que cela ne passa pas inaperçu, tant chez les habitants de Veyrier, que dans les cercles musicaux où la rumeur s’était déjà largement répandue. Il faut dire que la jeune fille, quoique …ayant un air de brave campagnarde, avait un visage allongé …emprunt d’une certaine noblesse, mais qui laissait aparaître aussi, et de manière assez frappante, …cinq petites verrues situées exactement aux mêmes endroits que celles du grand compositeur. Franz Liszt mourra le 31 juillet 1886 à l’âge de 74 ans à Bayreuth, en Bavière, alors Empire Allemand. ©Jean Plançon – La Mémoire de Veyrier, novembre 2019.