Félix-Valentin GENECAND – dit TRICOUNI (1879-1957)
Bijoutier-sertisseur genevois, alpiniste amateur de renom, recordman du monde de saut à ski, fondateur de la marque TRICOUNI (fabricant de ferrures pour chaussures de montagne) et des chaussures de montagne avec fermeture à boucle.
Félix-Valentin GENECAND est né le 22 septembre 1879 à Carouge.
Bijoutier-sertisseur de formation, il se passionne cependant pour une toute autre discipline: la grimpe en montagne. A 15 ans, il connait déjà les moindres recoins d’un Mont Salève qu’il n’a de cesse d’arpenter.
Très habile des mains, il s’attaque régulièrement aux parois abruptes de la Gorge de la Varappe et fait la connaissance d’un alpiniste italien dénommé Tricouni qui, malgré une constitution plutôt modeste, grimpe les parois avec plus de dextérité que lui. Cette rencontre marque un premier tournant dans la vie de Félix Genecand. Impréssionné par tant d’aisance, il n’a de cesse de parler autour de lui de cet extraordinaire grimpeur italien. Ses amis, amusés ou agacés, finissent alors par le surnommer par dérision…Tricouni!
Le clou Tricouni
En 1896, la mort d’un ami tombé lors d’une escalade, en raison de mauvaises chaussures, marque le deuxième tournant de la vie de Félix Genecand qui décide alors de développer un meilleur matériel de grimpe. Le sertisseur de formation invente alors le Clou Tricouni, une ferrure à pointes qui s’adapte sur les chaussures à semelle de cuir.
Les premiers essais se montrent très concluants, aussi, aidé par quelques amis, il fonde la petite société « TRICOUNI S.A. » dont le siège est établi à Carouge.
Un succès mondial
Le succès est immédiat et bientôt des Tricounis sont livrés par millions dans le monde entier. Plusieurs armées (Suisse, États-Unis, Canada, France, etc.) sont alors équipées de chaussures Tricouni.
Un an plus tôt, en 1924, Georges Mallory tente l’ascension de l’Everest équipé de Tricounis. Le corps de Mallory, qui avait disparu lors de cette tentative, est retrouvé en 1999 à une altitude de 8290 mètres. Des artefacts de l’expédition sont toutefois retrouvés plus haut, à 8460 mètres. Mallory a t’il vaincu l’Everest ? Est-il mort lors de la descente ? De nombreux spécialistes se posent la question encore aujourd’hui. Toujours est-il que l’expédition connaît un impact médiatique qui viendra renforcer la renommée des clous Tricouni dont le terme rentre dans le dictionnaire dès 1925.
En 1938, la face Nord de l’Eiger – surnommé le Monstre des Alpes – est vaincue, tout comme par la suite de nombreux hauts pics à travers le monde. Cette même année une expédition suisse équipée de Tricounis explore avec succès le Groënland.
L’héritage Tricouni
Félix Genecand, inventeur par définition des « Mountain Boots », continua durant plusieurs années le développement des chaussures de montagne. En 1934 il inventa ainsi un nouveau modèle de chaussure qui adoptait essentiellement des fermetures à boucle au lieu des traditionnels lacets. Il remporte a ce titre un premier prix lors de l’exposition internationale de Turin en 1938. Ce système, très avancé pour l’époque, est toujours utilisé aujourd’hui, notamment pour les chaussures de ski !
A noter que Felix Genecand, également passionné de ski, fît plusieurs essais de « saut à ski » sur les pentes du Salève. En 1902, il établit même un record du monde à Chamonix avec un saut de 22 mètres. Trois ans plus tard, il remporta également le 1er prix de style pour ses remarquables télémarks.
Hommages et souvenirs
Au Canada, une montagne porte ce nom: the Tricouni Mountain (ou Tricouni Peak) en raison de sa ressemblance avec les ferrures (la montagne est formée de 3 pics).
En Antarctique, le Mont Genecand rappelle également la mémoire de cet alpiniste d’exception.
A Veyrier, une rue porte son nom et un monument lui rend hommage.
Enfin, à Collonges-sous-Salève, le rond-point situé sur la route nationale a été aménagé représentant une partie du Salève. Sur celui-ci, on y voit Tricouni grimpant la paroi.
Tricouni aujourd’hui
L’apparition des chaussures aux semelles en caoutchouc mit cependant un sérieux coup de frein aux ventes de la société Tricouni. Rachetée par les ateliers Firmann, une manufacture de cloches de vache établie à Bulle en Gruyère, la société Tricouni, qui s’était quelque peu assoupie, connaît à nouveau une phase d’expansion grâce à la diversification de ses produits (production de sacs, habits de montagne et chaussures de randonnée), et grâce à la mise au point de nouveaux crampons: The Tricouni Gripping System.
À voir aussi:
Ces Suisses géniaux mais… oubliés, un article et une émission de la RTS, 5m et 36 sec.
Tricouni, la marque suisse: Vidéo promotion So Sweet Zerland, vidéo 1mn et 09 sec de la RTS.
Grimpe d’une paroi rocheuse en 1920 avec des chaussures Tricouni, film muet Cinémantik, 1m et 04 sec, année 1920.
Le Salève, berceau de la Varappe, dossier consacré à l’histoire de la Varappe.