Quand Veyrier ne chassait pas ses mendiants !
Il est toujours instructif de se replonger dans les articles de journaux dits d’époque. On y découvre souvent quelques récits et autres anecdotes dont le contenu nous amuse particulièrement aujourd’hui. On constate ainsi qu’entre la fin du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe, la mendicité constitue une des grandes préoccupations chez nos concitoyens, au point qu’elle est décrite comme un véritable « fléau ».
Voici l’extrait d’un article du Journal de Genève du 22 juin 1826 dans lequel le rédacteur ne cache pas ses convictions en dénonçant – avec des termes qui aujourd’hui nous sembleraient fort déplacés – le laxisme des autorités veyrites au sujet de ses…mendiants !
Pour l’intérêt historique, nous avons respecté l’orthographe d’origine :
« Un des bienfaits de notre administration cantonale est, sans contredit, la destruction de la mendicité, véritable fléau qui infecte encore un si grand nombre d’états. Dès la restauration, le Gouvernement s’est appliqué à repousser ce fléau, et y a réussi.
Toutefois, de temps à autres, il reparaît sur quelques points ; mais il faut dire, à l’honneur de notre population que ce sont presque toujours des habitants des communes voisines de notre Canton, qui, trompant la vigilance de la police locale, franchissent la frontière et viennent étaler sur nos routes, les jours de fêtes, le tableau dégoûtant de leurs infirmités réelles ou feintes.
L’année dernière, le Conseil d’Etat pris de sages mesures à cet égard, et bientôt tout rentra dans l’ordre ; nul doute que si les agens subalternes secondaient l’autorité supérieure, comme ils le doivent, on n’aurait plus à redouter ce spectacle affligeant. Il n’en est pas tout-à-fait ainsi, et nous avons vu dans la commune de Veyrier, entr’autres, les mendians, non-seulement attendre les promeneurs sur la route, le dimanche, mais les poursuivre jusque dans l’auberge même.
Nous croyons devoir signaler à M. le maire de cette commune, ce qui nous paraît être une négligence du garde-champêtre à remplir son devoir. »
On notera que ce type de dénonciation se répète régulièrement dans les journaux et qu’une seule catégorie de la population est systématiquement pointée du doigt : nos amis français qui, si l’on en croit les journaux, apprécient particulièrement les routes de notre commune.
© Jean Plançon/La Mémoire de Veyrier – décembre 2017